Qu'est ce que la sobriété et la résilience des territoires

De Résilience des Territoires
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La proposition de l’Appel à communs est de favoriser les coopérations entre acteurs·trices pour accélérer l’innovation au service de la transition écologique. Ce mode d’intervention étant conçu pour traiter de sujets complexes qui font intervenir un grand nombre d’interactions entre des parties prenantes diverses, les enjeux de sobriété et de résilience des territoires, par leur caractère systémique apparaissent particulièrement intéressants à traiter par le prisme de l’Appel à communs.

Sobriété[modifier | modifier le wikicode]

Le GIEC a donné une définition largement partagée selon laquelle la sobriété peut être entendue comme un ensemble de mesures et de pratiques quotidiennes qui permettent d’éviter la demande d’énergie, de matériaux, de terres et d’eau, tout en assurant le bien-être de tous les êtres humains dans les limites de la planète. Avec cette définition le GIEC reste formel sur la complémentarité des responsabilités : loin d’être strictement individuelles, les mesures et les pratiques doivent impérativement être accompagnées par des politiques de changement initiées par l’État qui doivent faciliter le changement de mode de vie et même le rendre souhaitable, sans discriminations au sein de la population. On peut ainsi distinguer deux familles de mesures de sobriété, celle d’usage et comportementale qui fait appel au changement de comportement des individus et celle coopérative et dimensionnelle qui se réfère aux infrastructures et aux organisations. Quand on sait que l’on estime à 40% maximum le potentiel de réduction des consommations de gaz à effet de serre basé sur les actions individuelles, il est impératif que les politiques de sobriété visent les comportements et le système productif aux échelles individuelles et collectives

Dans cette approche, l'ADEME définit la sobriété comme suit : Dans un contexte de crise climatique et de tension sur les ressources naturelles, la sobriété appelle à nous questionner sur nos besoins et à les satisfaire en limitant leurs impacts sur l’environnement. Elle doit nous conduire à faire évoluer nos modes de production et de consommation et plus globalement nos modes de vie, à l’échelle individuelle et collective.

Par ailleurs, dans le cadre de la démarche Habiter la France de demain qui avait été initiée par l’Etat , France Ville durable a posé une définition d’un territoire sobre dans son manifeste pour des territoires et des villes durables : c’est un territoire qui fonctionne et construit sa prospérité de manière compatible avec les limites physiques de la planète, ses décideuses et décideurs politiques, administratifs, techniques, économiques et les citoyen.ne.s ont été formés à ces enjeux et mesurent les impacts du cycle de vie de leurs projets avant de décider de les mettre en œuvre. Le territoire dispose d’une vision précise et publique de ses émissions directes et de son empreinte en matière de gaz à effet de serre. Il a engagé des mesures majeures pour les réduire, avec des outils de suivi qui rendent compte à la population et aux parties prenantes. Il réduit puis stoppe l’étalement urbain et reconquiert les sols fertiles. La planification territoriale s’appuie sur les services écosystémiques qui peuvent être rendus par la nature, le renforcement de la biodiversité, la préservation du grand cycle de l’eau, etc. Il érige en priorité la réhabilitation et la maximisation des usages du bâti et des infrastructures existants, la reconstruction de la ville sur la ville, avant le développement de nouveaux projets en extension urbaine ou territoriale. Il réduit les besoins en matière de déplacements pendulaires, avec des politiques d’aménagement du territoire rapprochant emploi, activité et logement, planifiées à une échelle pertinente pour développer et s’appuyer sur les complémentarités urbain/périurbain et urbain/rural. Il intègre à ses politiques de transport des objectifs de réduction des mobilités carbonées, et de recours à la mobilité active et aux transports en commun. Il réduit d’abord significativement ses consommations d’énergie, puis renforce l’efficacité de ses systèmes énergétiques et remplace les énergies carbonées par des énergies renouvelables. Il réduit d’abord la production de déchets à la source, développe le réemploi et plus largement une démarche d’économie circulaire. Il engage aussi sa population dans une démarche pédagogique et participative visant à faire évoluer les comportements de consommation et d’usage.

Dans ce cadre, les communs candidats à l’appel à communs peuvent aborder la sobriété de plusieurs façons :

  • Sobriété dans l’utilisation des ressources : utiliser le moins de ressource possible pour satisfaire un besoin. Exemple : Sobriété foncière avec la politique « Zéro Artificialisation Nette » pour limiter l’artificialisation des sols, en particulier des terres agricoles.
  • Sobriété structurelle : faire appel à la sobriété coopérative et dimensionnelle qui pose la question des infrastructures à mettre en place pour atteindre les objectifs. Exemple : planifier et opérer l’aménagement du territoire de telle façon que les besoins de la vie quotidienne puissent être satisfaits sans voiture (marche, vélo, transports en commun).
  • Sobriété d’usage et comportementale : faire appel au changement de comportement des individus, adapter l’usage d’un objet, d’une technologie ou d’un service en réduisant la fréquence, le temps d’utilisation et en allongeant la durée d’utilisation avant remplacement.
  • Sobriété organisationnelle : repenser nos modes d’organisation afin d’adopter de nouvelles façons de se déplacer, de travailler, d’habiter, de consommer, qui soient moins énergivores. Exemples : télétravail, mutualisation des équipements (covoiturage, autopartage, tiers-lieux…).
  • Sobriété collaborative : créer du lien social à travers des activités favorisant le réemploi, le partage et l’échange. Exemples : jardins communautaires, ateliers de réparation solidaires.

Résilience des territoires[modifier | modifier le wikicode]

Par ailleurs, la résilience est une notion polysémique qui mobilise plusieurs disciplines. Dans un contexte d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, la résilience des territoires désigne la capacité de tous les acteurs d’un bassin de vie :

  • à s’adapter à des chocs majeurs et à des traumatismes soudains comme chroniques
  • à s’organiser
  • à se transformer

… pour apprendre de leurs fragilités et en sortir collectivement renforcés. Si la résilience a une dimension technique, du fait des infrastructures, des bâtiments et des aménagements qui sont souvent impactés par les chocs et les crises, elle concerne tout autant les personnes et les organisations, qui auront à s’y adapter durablement.

Les capacités de résilience sont multiples :

  • Les capacités techniques : les technologies et les techniques qui contribuent à améliorer la capacité d’adaptation, mais également la veille, l’anticipation, l’appropriation des techniques par les différentes parties prenantes.
  • Les ressources financières : les financements disponibles pour minimiser les impacts ou les absorber.
  • Les ressources humaines : les compétences individuelles et collectives, le temps de travail mobilisé pour améliorer les capacités de résilience. Il s'agit également de porter une attention particulière sur les populations les plus précaires qui sont les plus touchées par le dérèglement climatique et qui nécessitent une action forte de résilience.
  • Les capacités organisationnelles : les instances de gouvernance, d’échanges, les processus de décision et les modes de management. Elles sont liées aux apprentissages et capabilités individuelles et collectives : mieux apprendre, prendre de meilleures décisions


Dans son manifeste, France Ville Durable donne également une définition de territoire résilient qui peut être utilement mobilisée et déclinée dans cet Appel à communs : c’est un territoire dont les acteurs disposent d’une vision précise de ses vulnérabilités et de ses ressources environnementales, sanitaires, économiques, sociales, organisationnelles et infrastructurelles, actuelles et à venir, et qui a fait évoluer ses projets et sa gouvernance en conséquence. Il continue de fonctionner indépendamment des chocs majeurs parce qu’il a adapté ses systèmes dans une vision plus holistique, et parce que sa société civile est formée à anticiper, faire face et se remettre des crises. Il réduit au quotidien ses stress chroniques et ses impacts sur les écosystèmes et considère l’adaptation au dérèglement climatique au même niveau que son atténuation, et élabore des projets et politiques qui intègrent systématiquement les deux enjeux. Le territoire résilient est prévenant et sûr, il protège ses habitant·e·s et ses écosystèmes, il sait innover et coopérer et met en œuvre en priorité la réponse aux besoins essentiels (logement, alimentation, santé, éducation, sécurité) en toutes circonstances.

Sobriété et résilience des territoires[modifier | modifier le wikicode]

Les deux notions sont pleinement complémentaires. En effet, La sobriété peut être considérée comme un levier majeur pour renforcer la résilience des territoires. En adoptant une approche sobre, les territoires peuvent réduire leur consommation de ressources et ainsi renforcer leur autonomie, ce qui les rend moins vulnérables aux perturbations d’approvisionnement et disponibilité des ressources. De plus, les valeurs et normes sociales véhiculées par la sobriété (entraide, partage, don, le faire-ensemble) favorisent la coopération entre acteurs du territoire, influant directement sur la capacité à s’organiser en cas de crises et conférant ainsi des capacités de résilience.

Dans cet Appel à communs, les porteurs de communs devront justifier en quels termes leurs propositions s’inscrivent et répondent à ces grands enjeux.